À Émile Gallé
Lieu évoqué : un bois
« De ton âme en nos bois s’enracine la flore.
Tu survis dans ton œuvre. Ô poète immortel !
C’est en vain que tes yeux d’artiste ont pu se clore.
Ton culte à la beauté qui ne meurt pas fut tel
Que pour laurer ton front de mémoire en mémoire
Le divin s’humanise et te dresse un autel.
Ce front lourd de pensées fut une tour d’ivoire
Où nu comme un miroir splendit l’amour du Vrai
Par qui pur fut ton cœur, tel un lis dans sa gloire.
Quand le colchique en deuil s’allume au soir pourpré
La veilleuse automnale, et que le vent déclame,
La Mort, soufflant la Vie, osa « Je l’éteindrai ».
Mais pour moi qui regarde avec les yeux de l’âme,
Artiste au cœur d’apôtre humainement pleuré !
Ton ombre élyséenne erre en peplos en flamme,
Calme et cueillant des fleurs, au cœur du bois sacré… »
Léon Tonnelier dans Les poètes de l’École de Nancy, Une page à l’autre, 1999, p.117
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