On s’y faisait dépuceler…
Lieu évoqué : 61 rue Jeanne d’Arc, Nancy.
« 1943. LUNDI 15 JUIN
Les policiers arrêtèrent leur voiture dans le jardinet qui entourait « LE CHAT NOIR ».
Avant de descendre, celui qui conduisait demanda à son collègue :
– T’es déjà venu ici ?
– Oui, il y a longtemps, pour me faire dépuceler.
Ils rigolèrent, et tandis qu’ils foulaient les mauvaises herbes, l’heureux bénéficiaire des soins de ces dames, ajouta :
A l’époque, les filles étaient pas mal foutues.
Epoque révolue.
Madame Gertrude les guettait derrière le carreau que la graisse, échappée des casseroles, rendait opaque. Elle avait prévenu la police de la disparition de son mari. (…)
La correction, c’était dans ses gènes, à Gertrude. N’était-elle pas la fille de la maîtresse d’une maison de passes renommée de la rue du Maure-qui-trompe?
Fernand, le wattman trop tôt disparu, avait été un de ses premiers clients, dans le bordel maternel, avant de devenir son légitime. Elle s’était mariée en blanc à l’église Saint Epvre, toute proche.
Elle en montra la photo souvenir, signée Scherbek. S’il vous plaît. La classe. »
Michel Gérard, S’il s’en sort vivant ! Editions du Panthéon, 2012, p. 55 à 57.