« La motrice brinquebalante de la ligne des tramways n°2 »
Lieu évoqué : Rue de Maréville, Nancy.
« 1943. JEUDI 11 JUIN
Elle montait doucement la pente qui l’amenait à son terminus, l’hôpital psychiatrique de Maréville, la motrice brinquebalante de la ligne des tramways n°2, conduite par son wattman attitré, Fernand.
« Le » Fernand pour les intimes.
Il avait lâché son receveur au terminus du « 3 » : leur journée était terminée. (…)
C’était une ligne pourrie la 2. Elle traversait Nancy, de part en part, mais pour aboutir, à l’une de ses extrémités, chez les fous ! Elle s’en trouvait lourdement discréditée. Et ceux qui l’empruntaient se voyaient suspectés de problèmes mentaux. (…)
Fernand était le maître de la 2. (…)
La patronne… sa femme. « La » Gertrude.
En l’absence quotidienne de son homme, elle tenait la maison. Pour la regagner, Fernand devait descendre, à pied, le chemin de terre qui longeait la voie du tram.
La maison? Un héritage qui lui venait de son père qui, lui-même, l’avait héritée du sien.
C’était une maison d’habitation à usage commercial. Encore lisible, quoique défraîchie, l’enseigne avait été peinte, en grosses lettres, sur le mur, au temps béni de sa splendeur : « LE CHAT NOIR ».
Michel Gérard, S’il s’en sort vivant ! Editions du Panthéon, 2012, p. 39.
Crédit photo : Nancy focus.com