Par le train
Lieux évoqués : Nancy, Lunéville
« Je me suis installée à Nancy dans mon studio meublé et tout équipé trois jours plus tôt. Je suis venue par le train. Un sac à dos, une valise à roulettes contenant quelques nippes d’été, deux cartouches de clopes de contrebande achetées en douce à un pakistanais borgne et cul-de-jatte derrière la gare de la Part-Dieu, mon cher Mac, mon miroir fendu, ma savonnette, mes ciseaux et mon crayon pour les yeux, rien d’autre, quand j’ai débarqué ici. Le voyage était un peu compliqué, car j’avais décidé de faire un détour par Lunéville, à vingt minutes de train de Nancy. C’était l’occasion de m’y rendre, puisque j’étais en Lorraine, et l’étape théoriquement pas éloignée de mon trajet. Oui, mais par la route, parce qu’en train, c’est une autre paire de manches ! Avec la SNCF, ce n’est pas toujours simple… On peut les excuser, les rails, ce n’est pas très souple. J’ai dû prendre un TGV à l’aéroport Saint-Exupéry à cinq heures et demie du matin, changer à Roissy, filer sur Strasbourg, changer encore pour arriver finalement à Lunéville vers une heure de l’après-midi. Au prix d’un billet d’avion Paris-Montréal. Il fallait vraiment en avoir envie ! J’aurais pu faire du Blablacar, c’était moins cher, mais je déteste le blabla, depuis cinq ans.
Et pourquoi pas Lunéville, me direz-vous ? Parce que c’est dans cette ville qu’est enterrée mon idole absolue, mon icône. Pour moi, une femme idéale, mais tellement méconnue. Je tenais à la rencontrer, c’était l’occasion puisque je passais dans le coin. »
Pierre Boxberger, Nancy par hasard, Edition L’Harmattan, 2023
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