Repiquage architectural
Lieux évoqués : Villa Majorelle
« Au milieu de l’été, une invitation de Louis Majorelle retarda le départ des époux Gallé vers Plombières pour une pause bien nécessaire. Majorelle souhaitait la présence d’Émile, et de Louis Vincent, pour la visite, dans sa maison inachevée, des journalistes de l’Illustration et de deux revues parisiennes de décoration et d’art décoratif : « je préfère cette visite privée à une fatigante pendaison de crémaillère où des gens qui ne nous aident pas lèveront le coude à la réussite de notre école, de nos cours de formation et à l’ouverture d’un musée des arts déco. »
L’enthousiasme des envoyés spéciaux fut unanime. L’un s’intéressa de plus près à l’architecture extérieure, un autre à la grande verrière de Jacques Gruber, à ses baies de la salle à manger ouvertes sur le parc, avec, au milieu de la pièce, la cheminée en grès émaillée, élancée comme un tronc d’arbre. Le troisième, pour l’Illustration, cultiva son jardin dans le sillage d’Émile Gallé en cultivant les noms des fleurs sculptées, peintes, épanouies dans la céramique ou la marqueterie : monnaie du pape en fer forgé ou sur les patères d’un portemanteau, lierre aux rampes de l’escalier, épis de blé et coloquintes dans la salle à manger.
– Vous ne vous sentez pas un peu chez vous ?
– On a bercé mon enfance de lectures de Jean-Jacques Rousseau. J’en garde quelques principes, sans toujours les appliquer, tels que : « la propriété, c’est le vol ». Je ne vole pas la nature : elle n’appartient qu’à elle-même. Après, chacun pratique le repiquage à sa façon. »
Michel Caffier, Le jardinier aux fleurs de verre, éditions Terres de France, 2099, p. 202.
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