En attendant Anthony…
Lieux évoqués : Nancy, Parc de la Cure d’Air, Pompey.
« On sonnait rarement le soir chez Marthe. Gustave, en découvrant Georgette sur le seuil, crut à une mauvaise nouvelle. Il fut rassuré en entendant sa question :
– Reste-t-il une chambre à l’hôtel ?
Marthe, déjà, mettait un couvert de plus en apprenant que l’amie de passage choisissait de rester à Nancy pour attendre son mari, le lendemain en fin de matinée.
– Il arrive de Londres par le train. Il reste à Paris pour la nuit à cause du décalage horaire. Je ne tiens pas à rentrer à la Cure d’Air sans lui.
Georgette trouvait l’appartement plus agréable que la maison de Pompey. Après une absence d’une dizaine de jours, elle n’attendait guère de nouvelles, sauf quelques détails sur le séjour d’Anthony évoqué au téléphone par sa mère.
Interrogée par Gustave, elle reparlait volontiers de l’Exposition coloniale de l’année précédente, aux fastes bien éloignés de la réalité locale :
– Les spectacles perdent de leur sincérité dans un décor artificiel où, par surprise, ne bêlent pas les biquettes. La cuisine adoucit les épices, mais le geste des verseurs de thé à la menthe assure la dose de folklore pour les visiteur éreintés par les détours et les piétinements. La couleur des étals crée l’ambiance, mais il manque les véritables parfums. Ronald et moi adorons les marchés dans les douars autour des villes, les marchandes de poissons qui se chamaillent sur les quais des ports entre les pirogues vérifiées
par les marins après les passages des barres.
– Tu ne connais pas notre marché. Tu m’accompagneras demain matin. Tu choisiras le menu pour Ronald. Tu connais le résultat de son voyage en Amérique ? »
Michel Caffier, L’héritage des Mirabelliers, 2006, Presse de la Cité, p.180
Iconographie : Limédia galeries
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