Nancy monumentale
Lieu évoqué : Place Stanislas, Nancy.
« Je refuse d’admirer, sur l’emplacement du vieux Nancy de mes ducs, la Place Stanislas, qui partout ailleurs m’enchanterait. Et s’il m’arrivait, devant l’élégance un peu froide de cette décoration, s’il m’arrivait de retrouver quelques traits de la méthode et du rêve constant de l’âme lorraine, je n’en aurais que de la tristesse, me disant : la méthode et le rêve que j’honore en moi avec d’ardeur n’apparaissent plus dans l’ordinaire de mes actions que, dans ce Nancy moderne, les vieux caractères lorrains. Ah ! nos aïeux, leurs vertus et tout ce possible qu’ils portaient en eux sont bien morts. Choses de musée maintenant et obscures perceptions d’analyste. Stanislas a créé une académie et une bibliothèque. Dans la suite, une société archéologique fut jointe à ces institutions. Seules, elles abritent ce qui peut encore vivre de la conscience lorraine. Elles sont le souvenir qui n’existe plus. Où la mort est entrée, il ne reste plus qu’à dresser l’inventaire.»
Maurice Barrès, Le culte du moi : un homme libre, Le temps singulier, 1980. p.122