Champenoux s’étale sur les collines et dans les creux des vallées
Lieu évoqué : Champenoux.
« Enfin, ils atteignent ce promontoire qui domine la forêt… Champenoux s’étale sur les collines et dans les creux des vallées, envahissant la plaine, en nappes irrégulières, houleuses de poil sombre… Mousses crépues de teinte gris-vert qui sous l’effet d’une lumière crue semblent adhérer étroitement au sol, tandis que dans le crépuscule d’un nuage elles commencent à ramper, à flotter sur toutes les éminences, le long des couloirs de la Meurthe… Troupeaux de bêtes gourdes, confuses, issus du sol, piétinant à demi l’humus, la nue… (…)
Et de l’autre côté : la ville, la ville rocheuse dresse tous ses profils devant les premières colonnes de Champenoux, et Paulin fait aller, venir son regard dans la lisière mitoyenne, la lisière… Où les buildings s’effritent en maisonnées fermes… Amour des villes, halètement, amour puéril des champs, volupté des banlieues, et l’azur comme la mer… Les parcs urbains s’enfoncent sous les murailles et rejaillissent, au-delà, en bosquets, taillis, campagnes, jusqu’aux luxuriances de la forêt primitive, verte. »
Patrick Grainville, La lisière, éditions Gallimard,1973. p.74.
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