Saint patron et tradition

Publié par Bibliothèques de Nancy le

Lieux évoqués : Rue Saint-Dizier et autres

«Le Saint patron des Lorrains descendait de son char pour recevoir des mains mêmes du Maire de Nancy les clés de la Cité. La boucle était bouclée.

En attendant la foule des grands jours, les rues de la ville ne désemplissaient donc pas.

François réfléchit brièvement puis renonça à prendre la tramway (prononcer tram-vais pour les anciens nancéiens qui avaient connu ce moyen de transport avant qu’il ne disparaisse du paysage urbain dans les années cinquante, pour y revenir finalement à l’aube du XXIe siècle…), moyen de locomotion pratique et sûr qui aurait pu le conduire de la Place Maginot à la cathédrale.

La rue Saint-Jean, artère commerciale par excellence, était encore noire de monde vers dix-sept heures et ses trottoirs n’offraient guère de passage malgré leur largeur.

Fatigué par toute cette cohue bruyante et envahissante, François obliqua rue Saint-Dizier en direction d’une librairie bien connue où il avait quelques emplettes à faire.

Contrairement à ce qu’il croyait, cette rue était également difficilement praticable. Bousculé à plusieurs reprises, il s’apprêtait à en gagner – enfin – la porte quand une femme d’âge moyen et de forte corpulence l’obligea à se rapprocher du mur pour éviter la collision.

Il allait émettre une réflexion particulièrement désagréable quand ses yeux rencontrèrent par hasard une plaque vissée sur la façade au-dessus d’une vaste boite aux lettres :

« 38, rue Saint-Dizier »

Ce fut alors un choc : c’était trop beau pour être vrai ! Comment n’y avait-il pas songé plus tôt ! La vérité était là, depuis toujours, elle lui crevait les yeux !

Une excitation irrépressible s’empara de lui : il avait besoin de savoir, il devait en avoir le cœur net !

Le rapprochement entre la plaque : « 38 rue Saint-Dizier », et le souvenir qu’il conservait de l’inscription qu’il avait relevée sur le prospectus des cuisinières était évident, à un chiffre près :

Son cœur battait la chamade. Il n’osait pas se retourner. Debout, immobile au milieu du flot humain qui continuait d’irriguer cette rue dans les deux sens, il lui semblait qu’il venait de basculer dans une autre dimension. Toujours cette satanée curiosité qui surgissait quand on l’attendait le moins et qui ne lâchait plus sa proie quand elle avait quitté sa tanière.»

THIROLLE Jérôme, Le Boiteux du Parc Sainte-Marie, éditions Gérard Louis, Nancy, 2011, p. 174-175.

Iconographie : Limédia Galeries

Catégories : Jérôme Thirolle