« Un jour j’ai eu vingt ans… »
Lieu évoqué : Rue de la Source, Nancy.
« Un jour j’ai eu vingt ans,
Oui, ça devait arriver… !
J’avais vingt ans, j’étais plein d’exaltation. Je me revois, assis sur un tabouret d’architecte, les coudes sur ma planche à dessin posée sur deux hauts tréteaux. J’avais le regard perdu, relisant pour la nième fois des notes griffonnées sur les papiers punaisés aux murs de ma chambre d’étudiant, rue de la Source, à Nancy dans la pièce qu’habitait jadis ma grand-mère, elle qui enseignait le piano, elle qui m’avait installé à sept ans devant le clavier de son Gaveau, elle qui lisait les partitions comme on lit des livres.
Je me revois ce jour de mes vingt ans. Je cherchais une idée comme à saute-mouton, comme on cherche une clé, un mot de passe ou un outil qui me permettrait de faire sauter le cadenas enfermant le code et qui m’aurait permis de comprendre quelque chose à la vie. Ma vie.
Et je sentais monter en moi une boule d’angoisse, aussi ronde qu’un ballon de foot ; ou plutôt une étrange montgolfière pleine de la fumée d’un feu invisible qu’on appelle l’enthousiasme.»
CharlElie Couture, La mécanique du ciel, 50 poèmes inchantables, Le Castor Astral, 2019. p. 9.
En savoir plus sur l’auteur