Les téléphoriens

Publié par Bibliothèques de Nancy le

Le roi des cabines téléphoniques

À la mémoire de Dylan, of course

« Il y a très longtemps, bien avant les téléphones portables, un peuple vivait dans les cabines téléphoniques des grandes villes du monde.

Ce peuple s’appelait les Téléphoriens et il était gouverné par le bon roi Jean-Michel Ier

Être roi des cabines téléphoniques n’était pas facile, car si chaque citoyen possédait sa cabine personnelle, le roi devait loger toute sa cour dans la sienne. Certes les dimensions de la cabine royale étaient un peu plus grandes que celles de ses sujets, mais tout de même. Imaginez : une reine, une princesse un garde, un dompteur et son ours, un troubadour, un jongleur et un bouffon, vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept enfermés dans une boîte grosse comme une cabane de jardin ! Vous conviendrez que ce n’était pas supportable.

Chaque dimanche, le roi et sa cour, portés par quatre gardes costauds assistaient au grand tournoi des chevaliers des cabines téléphoniques. Durant toute la journée se succédaient des compétitions des plus insolites. Il y avait le lancer de téléphones ou encore la course aux communications. Mais c’était la course du tour de la ville en cabine-vélo que préférait le bon roi. Malheureusement pour lui, toute la cour faisait partie du Club des Supporters. À chaque passage des coureurs, ils étaient si déchaînés que le roi ne pouvait plus rien voir. Quelquefois, les quatre gardes n’arrivaient pas à maintenir verticale la cabine, tant à l’intérieur tout le monde gesticulait. »

Pierre Pelot, Madame Grise s’est levée au milieu de la nuit, Presses de la Cité, 2023

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