Nancy, ville de trésors
Lieux évoqués : ensemble de la vieille ville, cathédrale, Bonsecours, Places royales de Nancy
« Palais ducal hanché comme le Municipe de Pérouse, hôtel de Lillebonne où habita la fille de Charles IV et de Béatrix de Cusance, escaliers extérieurs, portes sculptées en trompe l’œil, entrelacs des plafonds : souvenirs et sollicitations indirects d’un seul pèlerinage. Voûte rose et noire de la porte Saint-Georges : intérieur d’une boîte en marqueterie de paille. Le vieux Saint-Epvre du roi René : fresques, tombeaux, vitraux, une image du Milanais, avec sa Cène imitée de Vinci. La cathédrale : un rappel inconsolé de Sant’ Andrea della Valle et de la piazza Navona. La Chapelle Ronde des Cordeliers : pur florentinisme, diminutif des tombeaux Médicis. Et tout Bonsecours, avec son étroite façade jésuite, son plafond peint comme h S. Martino, ses placages de marbre et de bois, sa chaire de stuc bleu pâle, blanc et or, l’éclairage théâtral du chœur et, sur l’autel, de cette Vierge couronnée entre des vitraux couleur de soleil et de sang. Et Saint-Sébastien encore : façade fouillée au ciseau, médaillons, colonnes blanches, lumière blanche.
Place d’Alliance : arbres, eaux, obélisques, toute une réussite d’agencement aixoise et romaine ; ainsi la fontaine des Tortues près du Palais Mattei, la place des Quatre-Dauphins proche le Cours. Le trophée à la cime duquel un génie brandit une trompette est soutenu par trois fleuves barbus qui penchent des amphores image concrète, pour les enfants, du tonneau des Danaïdes.
Tout un Olympe dresse sur ces places un musée de gestes vifs et larges qui ne sont point de ce pays : par eux héros et dieux sortent du monde à une seule dimension que sont les livres d’école. »
Raymond Schwab, Nancy, 1926