« Vous êtes seul dans un espace féérique »
Lieu évoqué : Rue Héré, Nancy.
« Vous êtes seul dans un espace féérique : cette suite de places si bien articulée de l’Hôtel de Ville au Palais Ducal, avec ses élargissements et resserrements semblables à des bassins et canaux où ne coule que la lune… Point de porte pour en fermer les grilles, car l’enchantement y prévoit, ces grilles qui n’ont d’autre raison que de tramer sur le vide des arabesques de rouille et d’or. Les frondaisons où s’adosse la mythologie des fontaines sont compactes comme un métal, on ne sent pas un souffle, les eaux mêmes s’égouttent sans bruit. Le seul peuple est celui des Amours sur les terrasses parmi des trophées et des vases. Des jardins mystérieux, derrière les dieux et les nymphes de plomb, s’étendent Sur le côté, une rue au hasard vous jette dans un petit enclos où un double cadre de tilleuls et de maisons également équarris met du secret autour d’une pyramide. Un Arc de Triomphe, bien découvert hors d’une rainure de pavillons bas, rythme la composition. Voici d’autres quinconces, allongés, dans un appareillement de demeure, selon la forme carrousel, pour conduire votre vue aux derniers monuments des siècles à tournois. Derrière vous montent les tours d’une cathédrale ; devant, le clocher d’une église et la flèche d’un château. Rien, ne parle que d’âmes prodigues et chimériques ; tous ces toits plats promettent un ciel de Perse. »
Raymond Schwab, Nancy, Éditions Emile-Paul Frères, 1926. pp. 23-25