Quai des brumes
Lieux évoqués : Nancy, Villers, rue Félix Faure, Nancy Thermal, rue Mon Désert, Pont Kennedy, Gare de Nancy
« Après ce court étourdissement, nous plongeâmes vers le bas de Villers, accompagnés par le ronronnement viril de la voiture. Après un court transit sinueux par les lotissements du Placieux, nous prîmes la direction de Nancy centre, empruntant la rue Félix Faure aux maisons typiques de l’école nancéienne, pour beaucoup d’entre elles, saluant au passage la piscine de Nancy Thermal et son dôme majestueux. Rejoignant la rue de Mon Désert, que nous longeâmes un bon moment, nous gagnâmes ensuite le pont Kennedy qui me parut immense, telle une piste d’aéroport suspendue. Au bout sur la droite, nous aperçûmes la gare et sa signalisation colorée au-dessus des rails, phares uniques et fiers
dans leurs halos estompés. Après quelques voltes autour du quartier, une place se libéra enfin.
Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvâmes mon père et moi sur le quai de la gare. Nous attendions dans une bise glaciale, constellée de flocons de neige. Ces derniers semblaient s’égayer dans maints entrelacs de trajectoires augmentées, aux échéances retardées par les volutes d’un vent turbulent. Nous attendions le train en provenance de Paris, au cœur d’une foule dont les visages anonymes s’étaient tournés uniformément vers le bout du quai devenu mystérieux de par le voile tamisé d’un brouillard conquérant. Le train, tant attendu, ramenait à nous pour Noël notre part ancestrale d’Italie. Mon père avait-il comme moi le cœur en fête, battant bien plus qu’à l’accoutumée, dans ces ultimes instants d’attente de nos deux messies venus du Frioul, après une courte escale parisienne ? »
Stéphane Weiss, Seules les traces, 2020, Libre2Lire, p.
Iconographie : Licence Creative Commons
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