Les macarons de Nancy

Publié par Bibliothèques de Nancy le

Lieu évoqué : Nancy.

Les sœurs « macarons ».

« Nancy, 1792. Je me souviens de ce soir venteux et pluvieux, où je vis les sœurs Marguerite et Marie-Elisabeth, tremblantes de froid devant ma porte. Désemparées, elles ne savaient où aller. Les révolutionnaires avec leurs excès habituels venaient de signifier leur expulsion à toutes les carmélites du couvent des Dames du Saint-Sacrement. J’avais été le médecin de cette communauté et maintenant, anxieuses et démunies, elles me demandaient l’hospitalité. Je les fis entrer et bien sûr les invitai à rester chez moi jusqu’à ce qu’elles trouvent une solution. Le lendemain, au retour de mes visites, je les trouvai en cuisine, ceintes d’un tablier et plaisantant avec mon épouse. Elles souhaitaient nous faire une surprise… Surprise qui, du reste, était encore dans le four et exhalait de réjouissantes effluves. Après le repas, sous le coup d’une gourmandise comblée, la mine ravie, je les félicitai chaleureusement. Je venais de découvrir une pâtisserie exquise qui jusqu’alors m’était inconnue : le macaron. Mon épouse, toujours bien avisée, suggéra qu’elles proposent ces savoureuses spécialités à la clientèle du marché. L’idée les enthousiasma et très vite les gourmands conquis participèrent par le bouche-à-oreille à leur renommée. Leurs gourmandises déclenchèrent un véritable engouement. Et c’est ainsi que la réputation de celles que désormais tout le monde appelait « les sœurs macarons » se répandit dans toute la ville. Elles quittèrent notre domicile pour un petit logement en nous promettant que : oui… oui…, elles songeaient très sérieusement à ouvrir une petite boutique. Et bien, c’est chose faite, elles sont maintenant installées. Je suis passée l’autre jour devant leur échoppe, et ma foi, il y avait foule. J’en suis heureux pour elles. Puisse leur succès durer ! »

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L’ordre des Carmélites interdisait de consommer de la viande. Pour éviter les carences, les sœurs avaient imaginé de la remplacer par des amandes, c’est pourquoi les macarons étaient souvent au menu des religieuses. Pendant la Révolution, deux carmélites d’un couvent nancéien se retrouvèrent à la rue. Pour substituer, elles développèrent la vente des macarons. Il existe maintenant à Nancy, non loin de la fameuse place Stanislas, une rue baptisée « rue des Soeurs-Macarons ».

Christian Hermann, 52 petites histoires authentiques, surprenantes, étranges, incroyables sur la Lorraine du temps jadis, Paraiges littérature, pp. 79-80.

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