Lettres d’un provençal – Charles Charton
La cascade de Tendon
Après quelques instants de cette contemplation, l’œil se porte sur une montagne voisine, qui se distingue par le mélange de hêtres et de sapins. C’est là que se trouve la Cascade de Tendon. Plein d’admiration, je contemplais le spectacle majestueux que la nature me présentait. Je vis s’élancer d’une hauteur de plus de cent pieds les eaux bouillonnantes de la cascade, tomber avec fracas de rocher en rocher, d’abord en flots abondants et ensuite comme une pluie légère, se réunir dans un bassin et former des ruisseaux qui serpentaient dans la prairie voisine. L’élévation de cette masse de rochers, le bruit de cette eau jaillissante qui, réfléchissant les rayons du soleil, devenait brillante de sa lumière, les arbres élevés dont elle était environnée, et qui contrastaient entre eux par la couleur de leur feuillage, la sérénité d’un temps favorable, les chants variés des oiseaux, la vue pittoresque qui s’offrait dans le lointain, tout concourait à rendre mes jouissances plus vives, tout me pénétrait d’étonnement et de respect pour les grands ouvrages créés par nature.
Charles Charton, « Lettres d’un provençal » dans Voyages anciens et modernes dans les Vosges 1500 – 1870, Épinal, Éditions Veuve Durand et fils, Libraires-éditeurs, 1881, pp.179-180
Bibliographie : Les Lettres d’un provençal, parues dans le Mémorial de l’Industrie de 1821, sont en réalité l’œuvre du vosgien Charles Charton (1800-1876). Cet historien et membre de la Société d’Émulation dépeint les Vosges et les mœurs disparues des Spinaliens.