Nancy et ses ambiances
Lieux évoqués : Place de la Carrière, Place Stanislas, Place d’Alliance Point Central, Place Thiers, Place du Marché (Quartier Saurupt, Quartier Gare, Quartier Charles III), Nancy.
« Il faut chercher Nancy, très loin, et l’attendre sous la pluie. Elle ne vient pas toujours, et comme les coquettes, préfère le désir qu’on a d’elle à la présence de l’amant. Nancy-la-Coquette. Il y en a qui s’étonnent de son nom, et parce qu’un trottoir est sale se ridiculisent d’indignation. Au vrai, ceux-là n’aiment pas Nancy.[…]
Place Stanislas et Place Carrière, toutes clarté et distinction, raison de pierre, nette et décisive, où l’amphore des angles s’arrondit parfois pour y mieux y recueillir la lumière et qui s’engendrent l’une et l’autre en une cristalline unité. Place d’Alliance, repliée sur elle-même, qui cache son visage dans le fouillis des arbres…
Maisons rocailleuses et profondes du parc Saurupt, enfouies sous les arbres, le lierre et les roses au printemps ; quartier Mon-Désert, 1890 et les chemins de fer, encombré de cris et de voitures, où les boutiques se pressent les unes aux autres, noircies par la fumée ; Point-Central grouillant et bousculé… ; ville vieille aux rues déhanchées, aux maisons butées, sales…
Place Thiers, heureux débarcadère où l’on hume le parfum des départs, ouverte sur la gare poussive, et qui tourne autour du square étonné avec ses pépiements et ses femmes assises qui tricotent en regardant les longues voitures glisser en silence ; Place du Marché, assourdissante de poissons et de fleurs et de tant de visages, soudain clair et soudain frais, tant de sourires et tant de songeries éparpillés sur la ville que le regard s’en éblouit. »
Jean Borella, Nancy Royale et familière, Itinéraires Esquisse, 1957
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