« J’avais 17 ans »
Lieux évoqués : Lycée Poincaré, Gare, Rue Isabey, Bibliothèque municipale
« J’avais 17 ans, je venais de réussir le bac. Une nouvelle vie commençait en hypokhâgne au lycée Poincaré. Durant quatre ans, j’ai vécu dans la mansarde d’une belle maison 1900 située au fond d’une impasse très étroite au 43 de la rue Isabey. La proximité de la gare, du lycée, du restaurant universitaire et de la faculté de lettres avait guidé mes parents dans le choix de cet hébergement. Après avoir subi et détesté l’internat pendant mes années-lycée, m’installer seule dans un meublé fut synonyme de liberté. Une banalité. Comme des milliers d’étudiants, cette vie nouvelle, sans surveillance ni contrôle, représentait une rupture. Mais ce n’était pas une promesse de divertissement. La discipline de travail imposée par la classe préparatoire ne m’autorisait quasiment jamais de pas de côté. Opiniâtre, j’avais envie de réussir. Durant ces trois années de classe préparatoire, – puisque mes résultats encourageants m’avaient invitée à « cuber », c’est-à-dire à refaire une khâgne – je menais la vie « d’une jeune fille rangée », pour reprendre les termes de mon modèle Simone de Beauvoir dont j’avais dévoré toute l’œuvre en terminale. Le quotidien était réglé par les cours, les devoirs, le travail à la « bibale », la bibliothèque municipale, quelques rencontres avec des amis et, au fil des années, de plus en plus de discussions. »
Laurence Gantois-Domange, Ce qui reste lieux d’enfance et de jeunesse, L’harmattan, 2023
Iconographie : wikipedia