Un heureux événement
Lieu évoqué : Rue de l’Armée Patton, rue Jeanne d’Arc, rue Sainte-Catherine, Place Stanislas, tour Thiers
« Sans se soucier de savoir de quelle couleur est le bonhomme aux feux des passages piétons, il traverse la rue Jeanne-d’Arc, puis la rue de l’Armée Patton et passe devant la boucherie du copain de papa, Martial Ricard, qui est classé 15/3 au tennis. Il franchit le pont qui enjambe la voie ferrée, laisse la tour Thiers derrière lui, puis file tout droit pendant trois cents mètres encore. Place Stanislas, il manque de se faire écraser par une Renault Fuego rouge dont le conducteur déclenche son avertisseur en invectivant le jeune irresponsable qui s’est littéralement jeté devant ses roues, sacripant qui s’élance à présent vers la rue Sainte-Catherine, respire par le ventre, Thomas, respire par le ventre, Norbert Schaller, au fond de lui, c’est le bon gars, il comprendra, et le bonheur d’être grand-père l’emportera sur le désir de respectabilité. Il existe quand même pire calamité que l’arrivée d’un nouveau-né, non ? Au bout du compte, quand le petit sera là, tout le monde sautera de joie, c’est sûr. Et maman et papa, et le père et la mère de Céline, et mamie Arlette et mamie Louise, et Florence aussi, tout le monde. Alors oublie la douleur, tire sur tes bras et cours. »
Matthieu Jung, Le triomphe de Thomas Zins, Editions Anne Carrière, 2017, pp. 378.
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