La Porte monumentale
Lieu évoqué : Parc Sainte-Marie
Nancy, 18 juillet 1909
« La foule était si vaste et si compacte qu’elle devenait difficile à contenir. Malgré l’heure matinale de cette belle journée d’été, les rues environnantes étaient déjà encombrées de calèches et de voitures légères au milieu desquelles se glissaient piétons et passants, pressés de gagner la proximité des guichets donnant accès au Parc Sainte-Marie.
Encore quelques minutes à peine et l’Exposition Internationale de l’est de la France allait ouvrir ses portes.
– Veille à bien rester près de moi, je ne voudrais pas te perdre, s’écria Zélie, un peu inquiète par les bousculades qui annonçaient l’imminence de l’entrée.
Camille répondit à sa tante par un sourire de compréhension. Il y avait deux mois et demi environ que l’Exposition recevait du public et un peu plus de trois semaines qu’elle avait été inaugurée officiellement.
Chaque jour qui s’écoulait depuis drainait d’innombrables curieux vers le quartier Blandan…
Une fois les formalités accomplies, Zélie se retrouva rapidement au pied de la Porte Monumentale, après avoir acquitté le prix de l’entrée, soit deux francs pour elles deux.
Camille ne peut alors retenir un mouvement d’arrêt face à l’immensité de cette construction métallique dont elle avait aperçu quelques reproductions ces derniers temps sur les affiches ou dans les illustrés.
Elle se sentait minuscule devant ce portail fantastique et ses douze ans n’en n’étaient pas la seule cause… Il ne lui avait jamais été donné de contempler un tel ouvrage. […]
Zélie entraîna aussitôt sa nièce en direction du village, de l’autre côté de l’Allée centrale. Au delà de la simple curiosité pittoresque qui pouvait émaner de la restitution fidèle d’un petit bourg d’Alsace, les visiteurs étaient mus par un sentiment plus complexe et autrement plus symbolique : celui de montrer leur attachement à une province perdue tragiquement à la suite de la guerre désastreuse de 1870. »
Jérôme Thirolle, Le boiteux du Parc Sainte-Marie, éditions Gérard Louis, 2011. p.7