Lieu évoqué : Bouligny.

« Depuis les grandes grèves d’après-guerre, la profession s’était organisée, tirant partie de ses diverses expériences. Aux revendications ponctuelles, puits par puits, elle substituait peu à peu – ce qui n’était pas une mince affaire – une action collective représentative et efficace pour aboutir lors du Congrès de Bouligny à la création de la Fédération Régionale des mines de fer et de sel de Lorraine, soutenue par un périodique titré « le Sous-Sol Lorrain »

Le père de Carmelo applaudissait à ses buts dès lors qu’ils œuvraient pour le respect et la dignité de l’homme. Le vieux mineur estimait Albert Balducci, l’un des secrétaires permanents. Il avait également remarqué l’ascendant exercé sur ses camarades par Marc Delmonte, le nouveau boulonneur de son quartier.

Celui-ci aussi avait l’étoffe d’un militant. Il ne tarderait pas à se faire repérer, il en était sûr, car malgré les apparences, le feu – dans le pays du fer – couvait sous la cendre.

Autant le vieil homme désapprouvait la coupure du monde en deux blocs, la guerre froide, la course aux armements, ce qui s’était passé à Budapest et qu’il se posait des questions sur la récupération par l’Union Soviétique de l’idéal de son Parti qu’elle transformait en des dictatures telles qu’elles en compromettaient l’avenir, il en était persuadé ; autant il continuait à se révolter contre toutes les injustices.

Comme de nombreux mineurs il n’acceptait pas la loi de 1949 concernant l’élection des délégués-mineurs. Elle excluait du droit de vote les jeunes de moins de 21 ans, les étrangers ayant moins de six ans de mine et ne possédant pas la carte de « résident privilégié » et tous ceux à qui elle avait été refusée pour cause d’activité syndicale. Certains syndicalistes minoritaires suggéraient même de retirer le droit de vote à tous les immigrés ! »

Anne-Marie Blanc, Pays-Haut : dits et récits : 1889-1939, édition Serpenoise, 1988, pp.224-225.

Source : Limédia Galeries