Morte de trouille

Publié par Bibliothèques de Nancy le

Lieu évoqué : Saint Max.

« Caroline se gara rue Alexandre 1er, à Saint-Max, dans la banlieue nord-est de Nancy. Marc habitait au quatrième étage. Au moment où elle arriva devant le hall, quelqu’un sortait.

Elle s’engouffra dans l’immeuble avant que le battant ne se referme et gravit les marches tout en prenant son portable. Voulant lui faire le coup du retard, elle entendit la sonnerie, mais personne ne lui répondit. Marc devait être devant ses fourneaux. Étrangement, la porte d’entrée était entrouverte, avec au milieu, une entaille traversant le bois. Un petit filet rouge s’était formé. Elle frappa, puis entra.

– Marc, tu es là ? C’est moi Caro !

Pas de réponse. L’appartement était plongé dans le noir.

Elle appuya sur l’interrupteur. Pas de résultat.

La lumière de la cage d’escalier lui permit de distinguer le couloir. Sur le sol, il y avait des taches. Caroline se baissa pour toucher. Pas de doute, c’était du sang. Le sien se glaça. Elle se figea, incapable de bouger. Puis le bon sens reprit le dessus. Marc s’était sans doute coupé, il n’y avait pas de quoi s’inquiéter outre mesure. Il était certainement parti chez un voisin pour demander des pansements. Il allait revenir.

Légèrement rassurée, elle continua à avancer. Elle remarqua l’odeur : quelque chose brûlait. Sur la cuisinière était posée une casserole d’où s’échappait de la fumée. Les flammes du gaz constituaient la seule lueur de la pièce. Elle éteignit la gazinière, ce qui ne fit que renforcer l’obscurité. La minuterie des communs venait de se terminer. Elle resta une seconde sans bouger, à essayer de rassembler ses pensées.

Où pouvait bien être Marc ?

Soudain, il lui sembla entendre un bruit provenant du palier. Elle passa la tête par la porte, mais personne. Il lui faisait peut-être une blague. Il adorait plaisanter. Elle se dirigea vers le salon et devina une forme assise dans le canapé.

– Marc ! T’es pas drôle, j’ai flippé ! S’exclama-t-elle, soulagée.

Mais pas de réponse.

– Marc ça suffit ! Je te dis que tu as gagné : je suis morte de trouille ! Alors arrête maintenant !

Aucune réaction. La jeune fille se rapprocha de lui et remarqua qu’il avait les yeux grands ouverts. Elle marcha sur quelque chose de visqueux. Une peur panique s’empara d’elle. Elle se jeta sur le jeune homme et le secoua. »

FrançoisXavier Simon, Terreur à Nancy, éditions Serpenoise, 2010.

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