Première affectation

Publié par Bibliothèques de Nancy le

Lieux évoqués : Nancy, Saint Dié des Vosges

« Fin Avril, me voilà en route pour ma nouvelle affectation… Enfin, devrai-je plutôt dire ma première affectation ! Je sors à peine de l’école de police…J’aurai tant espéré être affectée sur la ville de Nancy ou ses alentours mais non ! La petite Nancéienne que je suis, se retrouve à partir pour les Vosges…Oui la campagne pure !

Saint Dié, tour de la liberté. Crédit photo David Richard

Caroline regardait passer les panneaux tout en conduisant : Contrexéville, Vittel, Épinal, Jeanménil,…Elle approchait enfin de Saint-Dié-des-Vosges, ville marraine de l’Amérique et connue pour son Festival International de Géographie et son épreuve du Trophée Andros.

Cela faisait presque trois heures qu’elle conduisait. Partie de Dijon, elle arrivait à destination. Jeune recrue de 21 ans, et n’ayant connu pratiquement que des grandes villes comme Nancy, Caroline était déçue de ne pas avoir de chance pour son affectation ; et pourtant, pouvoir être affecté à moins d’une heure de sa famille était une chance ! La plupart de ses collègues avaient été affectés sur Paris. Mais la fatigue faisant, elle ne s’en rendait pas encore compte…

Au moins, être dans un coin aussi paumé va me permettre d’être tranquille ! Retrouver les chats perdus, ma nouvelle vocation !

Elle entra dans la ville, s’enfonça jusqu’au commissariat et se gara. La bâtisse était récente et jurait parmi les autres bâtiments ; le lieu était fait pour y vivre, un restaurant chinois tout près, le pôle emploi de la ville, des sociétés, une poste, et des magasins un peu plus loin. On aurait pu y sentir la vie s’il y avait eu âme qui vive à l’arrivée de Caroline.

Lorsqu’elle sortit de sa voiture, elle ne passa pas inaperçu. Une jeune femme aussi belle avec ses cheveux bruns coupés à la garçonne et ses yeux bruns si profonds qu’on avait l’impression de s’y perdre, ne pouvait que se faire remarquer par les quelques passants.

Elle prit son sac et entra dans le commissariat. Á l’accueil, le policier en place, lui demanda la raison de sa venue et Caroline lui répondit brièvement le motif. Le policier lui expliqua où se trouvait le bureau du commissaire et, en la regardant s’éloigner, fit une remarque très sexiste sur son fessier.

Et voilà, ça commence déjà ! Un coin paumé, des poltrons, vive la campagne !

Elle arriva au bureau, toqua. Une voix forte et grave lui intima d’entrer, elle le fit sans attendre.

Á l’intérieur, elle salua son supérieur et se présenta. Le commissaire, un homme d’une cinquantaine d’années aux cheveux argentés et aux yeux bleus éteints, ne daigna même pas relever la tête. Il grommela, maugréa qu’elle devait aller voir « Titi » puis leva enfin la tête vers Caroline. Il la fixa d’un air agacé.

– Qu’est-ce que vous foutez encore là ? Je viens de vous dire d’aller voir votre futur collègue ! Bougez-vous ! C’est pas un centre de vacances ici ! »

Delf In, Meurtres en Déodatie, auto édition, 2018.

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