Hayange et son ambiance

Publié par Bibliothèques de Nancy le

Lieu évoqué : Hayange.

« Le soir, à Hayange, à l’heure où les autobus de la Trans’Fensch commencent à afficher « Dépôt » pour toute destination, où des chiens de race indéfinissable tractés par des hommes corpulents en espadrilles et survêtement ont droit à leur ultime promenade de la journée, où l’on peut voir, depuis la terrasse de la pizzeria Mezza Luna, des poids lourds glisser au loin, sans bruit, sur le viaduc coiffant les toits de la Caisse d’Epargne ou du crédit agricole, on peut aussi entendre des claquements de ballon résonner longuement contre le mur de l’église Saint-Martin, moins sourds et assortis d’un cliquetis métallique lorsqu’il viennent heurter les grilles protégeant les vitraux. A onze heures passées, des gosses s’égosillent encore autour des terrasses où leurs parents sirotent un dernier verre, des klaxons de voiture célèbrent bruyamment on ne sait quel joyeux événement et des motocyclettes remontent avec rage la rue du Maréchal-Foch, avant que le clocher ne massacre une dernière fois, dans une version de bronze concassée, telle mélodie dont je cherche et chercherai sans doute longtemps encore le nom. »

Gilles Ortlieb, Tombeau des anges, Gallimard, 2011, p.20.

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