« Ça se termine par un rendez-vous à Nancy où il loge provisoirement »
Lieu évoqué : Café du Commerce, Place Stanislas, Nancy.
« Ça se termine par un rendez-vous à Nancy où il loge provisoirement.
Le jeudi suivant, mon jour de congé, je l’attends Place Stanislas au Commerce. Je m’installe dans un coin sombre, pas loin d’un radiateur et commande un demi. Vers midi, les clients sont nombreux. Aussi je me délecte à observer la faune locale. Gaston comme toujours arrive en retard. Ainsi je peux suivre la conversation d’un couple installé deux tables plus loin. Comme une impression de déjà vécu. Je deviens voyeur et assiste à la fin d’une histoire. L’homme hausse le ton tout en tenant la main de sa voisine. La femme regarde, gênée, autour d’elle. Elle a failli partir mais ne voyant que moi, elle poursuit sa diatribe. Jamais là le week-end le bonhomme, dévoué corps et âme à ses deux filles, des pestes si je comprends bien, plus les copains qui l’entraînent des nuits entières à faire la fête… sans elle. Lui ne changera rien de sa vie d’homme libre.
Il ne supporte pas les entraves et il… l’emmerde. Alors elle part, oubliant ses gants rouges sur la table. L’ex ne bouge pas pour les lui rendre, saisit un journal et commande un whisky avec glaçons.
Le chapitre est clos et Gaston arrive, tout d’anthracite vêtu. Ça le mincit. Il en a bien besoin. »
Marie-José Gonand-Stuck, Je demande la mère…, Les Editions du Bord du Lot, 2018, pp. 91-92.