« Savoir vouloir, c’est pouvoir »

Publié par Bibliothèques de Nancy le

Lieu évoqué : Place de la Carrière

NANCY, 20 FÉVRIER 1955
« Dans son petit appartement aux murs et meubles encombrés de photos, médailles, coupes, trophées, fanions, autographes, souvenirs et diplômes, Marie détaille avec émotion la rangée de cartes postales aux couleurs brillantes, venues des quatre coins du monde qui surplombent la tablette de la cheminée.

Au sol, des glaïeuls ou des plumes de paon surgissent du col de vases élancés, des bouquets de violettes ou de jonquilles s’arrondissent dans des verres.

Une jacinthe bleu azur en pot répand son envoûtant parfum de jeunesse.

Marie fête aujourd’hui son quatre-vingtième anniversaire.
Vingt ans après le voyage américain, le pétulant mousquetaire en jupon commence à peine à se ranger des voitures.

Au bal, Marie essouffle encore ses cavaliers. Son anniversaire est cette année l’occasion, pour la presse, de rappeler ses faits d’armes, ses combats, son originalité et ses débats.

Le titre La Fiancée du danger fête ses 80 ans défile sur les rotatives, accompagné d’une photo récente qui montre Marie à bicyclette un jour de mai, aussi svelte qu’à ses vingt ans.

Veste cintrée sur une robe à jupe plissée mi-longue en rayonne à carreaux, toque noire à ruban qui couronne ses cheveux blancs, droite sur sa selle, elle pédale en répondant au sourire des passants, au salut des agents.

À Nancy, on la dit aussi célèbre que la place Stanislas.

Aujourd’hui comme les autres jours, après sa gymnastique du matin, et par n’importe quel temps, elle avalera quelques dizaines de kilomètres. Selon les besoins, elle attache son parapluie au cadre ou un sac au guidon. Un général de ses amis prétend qu’elle fait mentir la règle disant que quatre fois vingt font quatre-vingts. »

Michèle Kahn, La fiancée du danger : mademoiselle Marie Marvingt , éditions Le Passage, 2020, p. 221.

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