Coq au gris de Toul

Publié par Bibliothèques de Nancy le

Lieux évoqués : Toul, Nancy.

« – Ce n’est pas très grand.

– Un seul restaurant, on ne peut pas se tromper.

– Relais des Chasseurs !

– C’est agréable. Rustique.

– Daube de sanglier ou coq au gris de Toul ?

– Le coq.

A la fin du repas, Simon pose deux photos sur la table et demande à la jeune et jolie fille qui vient leur apporter le café.

– Est-ce que vous vous souvenez de ces deux clients qui sont venus ici, en avril dernier ?

Elle secoue la tête, va demander au patron. Lequel, serviable, mais curieux quand même sinon méfiant.

– Puis-je vous demander pourquoi vous vous intéressez à ces personnes ?

– Détective privé, il montra sa carte, recherche dans l’intérêt des familles. Ces deux personnes ont disparu. D’après certains renseignements, elles se seraient arrêtées chez vous, fin avril, un samedi. J’essaie d’en avoir la confirmation.

– Je ne peux pas vous aider. Mais Mado, peut-être. Elle a la mémoire des visages. Les clients apprécient. Je vous l’envoie.

Mado est grande, fortement charpentée. Visage rond, yeux noirs et grand sourire.

– Le patron m’a expliqué. Ce sont ces deux gars-là ? Elle prend les photos. En avril vous dites, l’année dernière, c’est un peu loin, M’sieur, si je me souviens bien, nous proposons toujours les deux mêmes plats, poissons de rivière, pintade ou lapin. Ce n’est pas qu’on a du monde… Ça y est, je me rappelle du plus jeune, celui-là, il n’arrêtait pas de faire des compliments à chaque plat. Et il buvait beaucoup, ça oui !

-Et l’autre ?

– Plutôt discret.

– Vous souvenez-vous dans quelle direction ils sont partis après ?

– Alors là, vous en demandez trop, M’sieur !

– Je vous remercie Attendez !

Simon prit les photos, écrivit rapidement au dos de chacune, le nom du restaurant et la date.

– On retourne à Nancy ?

– Oui, mais on va suivre la Moselle jusqu’à Toul et puis on reprendra l’autoroute pour Nancy. C’est le plus simple, non ?

– Oui. Et c’est plus agréable.

La petite route au fond de la vallée épousait les courbes de la rivière, tantôt à l’ombre, tantôt au soleil. Simon soliloquait tout en conduisant. Le coin est agréable, c’est vrai. Après un bon repas, c’est cette route qui s’impose. Ne pas oublier, nous sommes au printemps. Tout est verdure et la rivière scintille au soleil. »

Serge Radochévitch, Amnésie, Éditions Territoires Témoins, 2015, pp. 140-141.

Catégories : Serge Radochévitch