Lettres d’un provençal – Charles Charton

Publié par bmi d'Épinal le

Château d’Épinal

Ce qui rendait surtout celle ville puissante, c’était un château-fort, bâti sur une hauteur qui domine Épinal. Ce château, qui, avant l’invention de la poudre, passait pour imprenable, a été très souvent assiégé. Quelques débris, conservés avec soin, donnent encore une idée de sa force. Le propriétaire, M. Doublat, l’un des plus riches habitants du pays, a embelli des lieux qui, naguère, étaient dans l’état le plus sauvage ; il a fertilisé une terre inculte, et, unissant l’agréable à l’utile, il a achevé son ouvrage, en créant une promenade qu’il laisse ouverte au public. La jeunesse de la végétation contraste puissamment avec l’antiquité des constructions. La vue des débris de cette forteresse me rappelait ces siècles qui ne sont célèbres que par les guerres funestes des grands vassaux contre le souverain. Je contemplais les paysages qui se dessinaient de tous côtés à mes yeux ; je suivais le cours de la Moselle, dont les eaux sont si claires et si limpides, et je le perdais à travers les vallons. Je portais mes regards sur ces bois antiques, principales richesses de la contrée, et les arrêtant sur la campagne, je voyais le peu de terres que les forêts ne couvrent pas sillonnées par la charrue. J’aurais voulu être habitant d’Épinal pour venir souvent me promener sur les débris du vieux château.

Charles Charton, « Lettres d’un provençal » dans Voyages anciens et modernes dans les Vosges 1500 – 1870, Épinal, Éditions Veuve Durand et fils, Libraires-éditeurs, 1881, pp.166 

Bibliographie : Les Lettres d’un provençal, parues dans le Mémorial de l’Industrie de 1821, sont en réalité l’œuvre du vosgien Charles Charton (1800-1876). Cet historien et membre de la société d’émulation dépeint les Vosges et les mœurs disparues des Spinaliens.

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