Voyage à Plombières en 1808 – Sarah Newton
Le Val d’Ajol
Ce matin nous avons été, par une chaleur extrême, à travers champs et par le chemin le plus long, au Val-d’Ajol. C’est un superbe vallon qui a sept lieues de circonférence, et qui est semé d’arbres et de petites maisons d’une ravissante propreté. L’église du village est charmante et très ancienne. Il est traversé par un ruisseau orné d’un pont romain, composé de cinq énormes pierres d’une belle couleur, et qui ont l’air d’être vieilles comme Rumulus. Il y avait jadis en ce pays un homme célèbre qui s’appelait comme le village, Val-d’Ajol, et qui remettait tous les membres qu’on se brisait pour l’aller voir, car le chemin qui conduisait chez lui est encore un véritable casse-cou. En un mot, il avait le talent de remettre les os en place avec une facilité surprenante et sans faire souffrir. Cet homme est mort, mais il a laissé une foule d’héritiers qui possèdent son secret.
Sarah Newton, « Voyage à Plombières en 1808 » dans Voyages anciens et modernes dans les Vosges 1500 – 1870, Épinal, Éditions Veuve Durand et fils, Libraires-éditeurs, 1881, pp.137
Bibliographie : Sarah NEWTON (1789-1850), comtesse Desttut de Tracy. Demoiselle de compagnie de la marquise de Coigny, elle tint un journal de voyage.