« Il y a trois cités distinctes à Nancy »

Publié par Bibliothèques de Nancy le

Lieux évoqués : Grande Rue, rue Lafayette,  rue Saint-Dizier, Nancy.

« Parlez à un habitant de Nancy, et vous remarquerez que, bien qu’il soit Français de cœur, il ressent toujours une vague nostalgie quand il pense à ses souverains. « Nous ne pouvons être qu’Allemands ou Français », dit Maurice Barrès. S’ils pouvaient être indépendants, il est certain qu’ils ne demanderaient pas une République avec un président…
… Comme reliques du temps glorieux, Nancy conserve et entretient des anciens monuments. Le palais ducal, qui fut incendié en partie il y a cinquante ans, a été réparé avec une telle piété et un tel art qu’il paraît intact. Son fameux portail se dresse à l’entrée de la Grand’Rue, montrant avec orgueil la dentelle de ses pierres ciselées. Tout le long de la façade, fruste et sévère, comme il convient à un palais de souverains guerriers, les balcons arrondis avancent leurs garde-fous sculptés….
Mais il ne faut pas perdre de vue qu’à Nancy il y a trois cités distinctes qui fraternisent sans se confondre, et que la vieille ville n’est que la plus vénérable comme aussi la plus petite des trois. En descendant par la rue Lafayette l’on arrive, en quelques minutes, à celle de la rue Saint-Dizier, qui est une des artères principales de la circulation, du travail, et de la gaîté actuelle.
Quel contraste dans un espace de cinq cents pas ! Là-bas l’âme suit le cortège funèbre des ducs, lentement, oubliant que des siècles se sont écoulés depuis l’époque où Charles III cessa d’exister. Ici, au centre, entre la gare du chemin de fer et le canal de la Marne au Rhin, c’est la fièvre moderne qui palpite avec ses universités, ses magasins, ses tramways, ses cafés, ses ateliers, ses banques. »

Enrique Gomez-Carrillo, Parmi les ruines, Berger-Levrault, 1915. pp. 270-271

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