Le temps d’un verre

Publié par Bibliothèques de Nancy le

Lieu évoqué : verrerie de Baccarat

« Dans les environs de Lunéville, nous visiterons la verrerie de Baccarat. Vous connaissez la pureté et la blancheur du cristal de roche, qui se trouve par fragments dans la nature de roche que les géologues appellent quartz ? Les verriers imitent le cristal par un verre dans lequel il entre cinq cent soixante parties de silice, quatre-vingt-neuf parties de potasse, vingt-six parties de chaux, trois cent vingt-cinq parties d’oxyde de plomb. On emploie encore d’autres compositions mais celle-ci donne le plus beau cristal.

Le cristal se travaille soit par soufflage, soit par le moulage avec ou sans pression.

Jusqu’à ces derniers temps, l’opération de soufflage se faisait en toute circonstance par le souffle de l’homme; assez puissant pour donner une forme à une bouteille, il ne l’était pas lorsqu’on voulait, par exemple, orner le fond d’une carafe d’une espèce de ciselure imitant la taille. Un ouvrier de Baccarat nommé Ismaël Robinet inventa, il y a une trentaine d’années, un soufflet à piston aussi simple que commode, au moyen duquel on exerce sur la matière en fusion contenue dans un moule une pression si forte, que cette matière se trouve refoulée dans les moindres creux, dont elle conserve la forme en se refroidissant. L’invention de ce soufflet a opéré une véritable révolution dans nos verreries, et à valu à son auteur le prix Monhyon de 8 000 francs, que lui décerna l’Académie de sciences.

Pour les pièces communes on se contente de la forme donnée par le moule : c’est le cristal moulé. Pour les pièces de luxe, elles sont également moulées ; mais on les taille ensuite, au moyen de roues en fer, en grès et en bois. Pour la gravure, on enduit la pièce d’un vernis composé de cire et d’essence de térébenthine; on y trace le dessin qu’on veut produire à l’aide d’un burin qui enlève le vernis, et l’on attaque les parties du verre mises à nu par l’acide hydrofluorique liquide ou gazeux. »

Amable Tastu, Voyage en France, Alfred Mame et fils, 1878

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