Lieux évoqués : rue de Saverne, rue des Glacis, cours Léopold.

« Au début de l’année 1950, Monsieur Marcan vint un jour, nous annoncer que nos bureaux allaient être transférés, de la modeste rue de Saverne à la plus « bourgeoise » rue des Glacis, tout près du cours Léopold, c’est-à-dire dans un secteur de la ville plus central. Muet d’admiration, je visitais avec lui une somptueuse villa de style Mansart, construite vers 1850 et ornée de magnifiques tableaux et de lustres anciens. On eut dit un musée ! C’était un musée ! Il avait été bâti par un ancêtre de la propriétaire, ancien fermier général de Louis XV, durant le grand XVII^e siècle. Le fermier général était chargé de la collecte des impôts dans les provinces. Il avait donc un grand pouvoir et, s’il s’acquittait correctement de sa mission, il en était somptueusement récompensé par le pouvoir royal.

La dernière descendante de cette riche lignée, très âgée, Madame Elie, occupait seule ce véritable petit château situé au milieu d’un parc de six mille sept cents mètres carrés de superficie. Elle voulait participer, à sa façon, à une bonne œuvre et monsieur Marcan l’avait convaincu de la noblesse de la tâche que nous accomplissions. »

Claude Blique, Une si longue vie, autobiographie, Gérard Louis éditeur, 2019, p. 316.